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Marcel Proust a réussi, à travers la madeleine, à identifier ces instants uniques qui nous permettent de faire la jonction entre le passé et le présent. Une vie sur terre n’étant rien d’autre que la somme de moments vécus et de rencontres, nous avons parfois tendance, dans la frénésie du quotidien, à galvauder ces instants. Des instants qui, au hasard d’un goût, d’une odeur ou d’un son, reviennent à notre mémoire et apaisent nos âmes.

                                                                                                     

Il existe ainsi, aussi bien que la madeleine de Proust, une douceur qui donne à nos instants de vie une saveur particulière. Cette “ autre ” madeleine a une forme particulière, un goût unique et un nom connu de tout le monde : la dragée. Se poser la question de sa présence immuable lors des moments importants de nos vies (comme un mariage ou un baptême), c’est aussi se questionner sur le pouvoir symbolique de cette friandise aussi gourmande que raffinée.

La dragée : une douceur bien de son temps

Les dragées ont depuis toujours drainé dans leur sillage un peu plus que la simple saveur d’une douceur sucrée et vanillée. Elles furent des offrandes aux temps antiques, des présents réservés aux rois à l’occasion de leurs mariages… Tant de fascination pour une banale friandise ne pouvait que susciter notre curiosité :

Sans amande, pas de véritable dragée

Ce serait les grecs et les romains qui auraient fait venir l’amande d’Asie centrale et ce n’est qu’au moyen-âge qu’elle fait son apparition en France. D’abord enrobée de miel, puis d’une coque sucrée et vanillée (selon la recette de la dragée de Verdun), l’amande est parfois remplacée par du chocolat ou de la pâte de fruit, mais reste un incontournable de la véritable dragée. Elle est porteuse à elle-seule d’une symbolique héritée de l’antiquité. L’amandier étant le premier arbre à fleurir au printemps, ses fruits ont très vite été assimilés au renouveau et à la fécondité.

L’amande emprisonnée pour son bien

Les moins romantiques vous diront que les apothicaires de Verdun ont pensé à enrober les amandes dans du sucre durci pour faciliter leur conservation et leur transport. Nous pensons que ce serait simplifier une tendance de l’humanité à s’accaparer et à transcender les bienfaits de la nature, qu’il s’agisse des fruits, des plantes et même du temps. D’ailleurs, c’est ainsi que nous souhaiterions raisonner l’art de la fabrication d’une dragée, dont l’objet serait de proposer un apprentissage du goût et de la patience

Des dragées pour un baptême

Proposer et offrir des dragées à l’occasion d’un baptême dépasse donc le simple fait de respecter une tradition. C’est d’abord permettre, à l’image de la madeleine de Proust, de faire un voyage dans le temps. De proposer à vos convives de se souvenir… En effet, lorsque l’on partage une histoire et une culture commune, qui n’a pas dans un recoin de sa mémoire la forme et le goût d’une dragée dégustée à l’occasion d’un baptême ?

Alors, bien sûr… Bien sûr, que l’on ne peut pas tous connaître les bienfaits et la symbolique des dragées. Bien sûr, que les plus gourmands ne se questionneront pas de trouver des dragées à profusion pour célébrer le baptême de leur petit neveu ou de leur petite sœur… Mais ce qui est sûr, c’est qu’en croquant une dragée, impatients d’en approcher le cœur, ils participeront à pérenniser une tradition… Ils seront nourris d’une mélancolie discrète qu’ils seront heureux de redécouvrir quelques années plus tard, le temps d’un autre baptême.